Chris ad libitum at Limitis par Claude Parle 

A l'occasion de l'anniversaire inaugural de la galerie Limitis

Christine Abdelnour ... La création d'un monde ...

Bien que ligoté  au mât de la manière la plus solide qui fut, je ne pus ni ne voulus résister à la puissance séductrice du chant de Parthénopée ...  Il faut admettre que munie de surcroît d'accessoire redoutable en ses mains je veux évoquer l'alto qu'elle portait en sautoir ...la redoutable Sirène d'un cri ininterrompu distilla pendant plus d’une demie heure une mélopée d'où nul cerveau humain ne sortirait indemne ...

Vibratos subtils, sons filés de chanvre ou d'acier, torons puis lignes arachnéennes, émotions, agrippages, séductions puis outrages ... on pouvait sentir sous la peau se greffer des membranes, pousser les spirales d'impossibles oreilles, organites déhiscents repoussant la peau, les sons s'incarnant dans la chair de l'auditeur, prenant possession de son corps, le jetant dans l'arène d'un combat tutélaire entre titans et génies, sommant son appréciation, l'incorporant aux élans des galaxies naissantes ...
Le propre du souffle continu étant de nous suspendre, au bord de l'apnée à la manducation des notes, à leur récrit interminable d'une éprouvante sensualité ... Celui de Christine nous laissait échoués aux estrans de l'océan des mots à peine entre-ouis, biffés au sables des ces plages incertaines où le pied s'enlise s'il s'y attarde, où l'on ne doit son salut qu'à la fuite et le regret qui serre comme une écharpe humide prenant la gorge aux sels qui cristallisent des embruns qui tatouent sur nos yeux les traces impies des empreintes de l'indicible ...

Dans mes oreilles mortes siffle le silence encore échu d'une conque d'airain dont la patine  incise de sinople une héraldique de chromatismes retenus, muets, des souvenirs soufflants les os rompus, les labyrinthes dévastés d'oreilles à renaître pour un monde futur ...